Circé : première sorcière de l'Histoire ?

 

Cette semaine dans le cadre d'une lecture commune, j'ai débuté ma sélection d'automne avec Circé de Madeline Miller. 

Connue dans l'Odysée d'Homère, Circé fait sa première apparition vers la fin du VIIIe siècle avant J.C. Véritable danger pour Ulysse et ses hommes, elle fait preuve de sorcellerie en transformant l'équipage en cochons d'après le récit d'Homère. 

Madeline Miller décide de reprendre l'histoire complète de Circé de manière plus romanesque. Plusieurs thématiques sont abordées : de la représentation de la sorcière, en passant par la mythologie. Le tout sur fond de personnages et de décors parfaitement décrits et crédibles. Ce roman s'inscrit véritablement dans le genre historique. 

La figure de la sorcière est celle d'une femme proche de la nature (lions, loups), utilisant les ressources de la nature en particulier les plantes médicinales et surtout vivant seule. Cette image attire au fur et à mesure les bateaux aux abords de l'île : une femme seule sur un morceau de terre en pleine mer ? Trop tentants pour beaucoup d'hommes ... 

Ce mode de vie (que l'on pourrait qualifier de naturophile) est repris de nombreuses fois dans les récits de sorcières mais également lors des procès des "Sorcières de Salem" qui ont eu lieu entre février 1692 et mai 1693. La question démoniaque est notamment très présente, se rapportant au lexique des divinités (dieux, titans, polythéiste ou monothéiste) ce qui fait tout à fait le lien avec notre héroïne. 

Le personnage de Circé est maltraité dès les premières lignes. Elle ne dispose pas immédiatement de ses pouvoirs, ou du moins elle le pense, transformant ainsi un humain en créature. Son père le dieu Hélios la bannira sur l'île d'Aea pour la punir. 

Tout au long de son exil elle fera preuve de courage et de sacrifice, auprès de dieux sans pitié qui la laisse dans la solitude. Auprès de plusieurs visiteurs et des siens elle intervient en tant que protectrice et soignante. 

Finalement Circé est trop humaine pour être accepté par les divinités de l'Olympe, mais trop sorcière pour être respectée par les hommes. Ce personnage nous donne une vision féministe avant l'heure. 

Prêt pour un aller-simple en Grèce ? 

Bonne lecture !